Syrie : la guerre des tunnels
La Syrie dans l'attente des résultats des élections. Il n'y a pas vraiment de suspens. Et pendant le dépouillement du vote, les combats continuent. Voici un reportage exclusif. Cette guerre se joue aussi en sous-sol, dans les tunnels. On en entend souvent parler, on ne les a jamais vus.
Un quartier anéanti par des mois de guerre. Nous sommes a Jobar, aux portes de Damas. Un soldat syrien guette. Le cadavre du rebelle qu'il a abattu hier gît encore à 100 m de là. Mais ici, la guerre ne se déroule plus (ou presque plus) en surface. Nous allons quelques mètres sous terre, guidés par un commandant de l'armée syrienne.
C'est une nouvelle forme de guerre, la guerre des tunnels. A Paris, dans les égouts, vous avez des rats : nous on a des rebelles.
Les rebelles ont percé des dizaines de km de tunnels sous Jobar. On y circule à hauteur d'homme. Depuis que l'armée a repris les lieux, elle a installé l'électricité, une véritable ville souterraine, 30 cm en-dessous du sol.
Un peu plus loin, un autre tunnel. Le commandant demande le silence. Quelques mètres à parcourir accroupis. La ligne de front souterraine.
C'est moi qui ai installé cette caméra qui transmet les images en direct à l'arrière.
Au bout : le sous-sol du bâtiment des rebelles. L'image arrive ici, dans la salle de contrôle. Une centaine de caméras jalonnent les tunnels, affirme le commandant. Il dit qu'elles ne servent pas qu'à surveiller.
Chacune est piégée : si un rebelle approche trop près, elle explose.
L'armée syrienne a des raisons de surveiller ainsi ces tunnels. Alep, la semaine dernière. Les rebelles ont fait sauter une caserne en plaçant des explosifs sous le bâtiment. Quelques jours plus tôt, une base aérienne de l'armée avait été ainsi pulvérisée en quelques secondes. Ces images-ci ont été tournées dans l'autre camp, par les rebelles. On y découvre à quel point ils sont organisés.
Des relevés vérifient qu'on est bien sous l'hôtel Carlton, où est basée l'armée.
Puis les hommes se retirent pour assister à l'explosion à distance. 14 morts. Ce type d'attentat est devenu la hantise de l'armée. Elle a donc créé des équipes spécialisées. Ce lieutenant en fait partie.
Ici on a creusé une tranchée de 5 m de profondeur pour couper leur tunnel. Alors ils ont creusé plus profond pour passer dessous et nous prendre à revers.
Plus loin, ces hommes creusent un puits, ils ont entendu des bruits métalliques suspects en sous-sol.
Nos relevés disent qu'on construit un tunnel là-dessous. On creuse nous aussi pour les intercepter.
Les soldats utilisent désormais les galeries pour mener leurs attaques. Le camp qui gagnera ce huis clos contrôlera une entrée stratégique de Damas. A Jobar, c'est tout l'enjeu de cette guerre des tunnels.
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